GOLIAT et ETAIN sont deux des 15 projets (sélectionnés parmi 83 propositions) financés par le programme Horizon Europe de la Commission européenne dans le domaine de l’environnement et de la santé, sous le titre “Living and working in a health-promoting environment”. L’équipe du Dr Marie-Pierre Rols de l’IPBS-Toulouse1 participe à ces projets qui visent à évaluer l’impact de l’exposition aux champs électromagnétiques de radiofréquence (RF-EMF) sur la santé humaine, l’écosystème et la santé globale, afin d’éclairer les cadres politiques et réglementaires actuels. Les deux projets sont dotés d’un financement total de près de 15 millions d’euros et dureront cinq ans.
Les technologies numériques et les services de communication électronique sont des outils essentiels pour atteindre les objectifs de durabilité du Green Deal européen dans de nombreux secteurs. L’utilisation des réseaux de radiocommunication de la prochaine génération, par exemple la 5G (cinquième génération de technologie de téléphonie mobile), promet des taux de transfert de données plus élevés et une capacité de réseau accrue par rapport aux générations précédentes. Si la numérisation offre de nouvelles possibilités, par exemple la surveillance à distance de la pollution de l’air et de l’eau et des effets sur la santé, elle présente également des risques potentiels pour la santé. L’Europe a besoin d’un secteur numérique qui place la durabilité au cœur de ses préoccupations : lors du déploiement de nouvelles technologies, les risques potentiels liés à la santé humaine devraient également être évalués, en plus des avantages significatifs.
Il y a eu une augmentation exponentielle de l’utilisation d’appareils personnels de communication sans fil (téléphones mobiles, appareils WiFi ou Bluetooth, etc.) par presque tous les citoyens dans des environnements privés et professionnels et dans des infrastructures d’appui. Le nombre d’autres applications utilisant les CEM a également augmenté, comme les scanners de sécurité, les compteurs intelligents et les équipements médicaux. Il en résulte une augmentation des rayonnements électromagnétiques d’origine humaine dans notre environnement.
Malgré la croissance rapide des applications des nouvelles technologies sans fil, on en sait relativement peu sur leurs effets potentiels sur la santé. Les projets GOLIAT et ETAIN contribueront tous deux à une meilleure compréhension de ces effets.
Le projet ETAIN (Exposure To electromAgnetic fIds and plaNetary health), auquel participent 13 partenaires universitaires et privés européens, vise à développer et à valider des approches permettant d’évaluer l’impact des technologies de communication existantes et nouvelles du point de vue de la santé mondiale, tout en explorant les possibilités de réduction de l’exposition. Les chercheurs interagiront avec le grand public et les parties prenantes afin de les sensibiliser aux niveaux d’exposition aux CEM-RF et aux éventuels risques associés, notamment par le développement d’une application permettant de quantifier les CEM-RF absorbés par les individus.
GOLIAT (5G expOsure, causaL effects, and rIsk perception through citizen engAgemenT), qui réunit 22 partenaires universitaires et privés européens, vise à surveiller l’exposition aux CEMF, en particulier ceux de la 5G, à fournir des informations inédites sur leurs effets potentiels sur la santé, et à comprendre comment les expositions et les risques sont perçus et mieux communiqués par l’engagement des citoyens, grâce à une approche paneuropéenne intégrative et transdisciplinaire. En particulier, les chercheurs mettront au point des méthodes d’évaluation de l’exposition de nouvelle génération afin d’identifier les sources et d’estimer les doses de CEM-RF susceptibles d’affecter l’ensemble du corps et des organes chez les jeunes, ainsi que la manière dont elles peuvent affecter les fonctions cérébrales, la thermorégulation et le stress radical, en utilisant des expériences in vitro, in vivo, chez l’homme et in silico. Les résultats attendus serviront de base à l’élaboration de lignes directrices pour la prévention et la réduction de l’exposition aux réseaux de radiocommunication de la prochaine génération, y compris l’internet.
Le groupe “Biophysique cellulaire” dirigé par Marie-Pierre Rols de l’IPBS-Toulouse jouera un rôle clé dans la détermination des effets biologiques causaux des CEM-RF. La peau étant la principale cible des technologies 5G qui utilisent les gammes de radiofréquences 3,5 et 26 GHz, le groupe étudiera les effets possibles à court et à long terme de l’exposition aux CEM RF in vitro dans des modèles de culture cellulaire 2D et 3D de kératinocytes et de fibroblastes humains, ainsi que dans des épidermes et des peaux reconstruits par ingénierie. Ils détermineront si le stress radical et la production de ROS peuvent avoir un impact sur la viabilité et la fonctionnalité des cellules, les organites intracellulaires (en particulier les mitochondries et le noyau), le métabolome et les structures de la matrice extracellulaire.